Je me suis posé sur ce banc,

Celui qui me connaît...

Je lui raconte mes instants,

Les sombres comme les plus gais...

Ma vie d'avant, elle est si loin,

Mais si proche, en même temps...

J'ai souvent frôlé les coings,

Eté, hivers, et même printemps...

Les coups tombaient en pluie,

Les larmes pansaient les bleus...

A dix huit ans, je suis parti,

Dehors, j'irais bien mieux...

Baluchon au bras, je marchais,

La honte au coin des yeux...

De ville en ville j’errai,

Loin, très loin de mon vieux...

Je me suis posé sur ce banc,

J'y ai bu, j'y ai dormi...

J'y ai pleuré pour être franc,

A la tombée de la nuit...

Essayant d'ignorer vos regards,

Ceux qui jugent sans comprendre...

Ceux qui me voient clochard,

Voleur de biens à vendre...

Je fais la manche à regret,

C'est sûr, je n'ai plus rien...

Un ou deux euros discrets,

Des mots chauds, par des gens bien...

Je rêve parfois d'un bon lit,

D'une innocence perdue...

Ces jours de froide nuit,

Mes doigts, je ne les sens plus...

Je me suis posé sur ce banc,

Celui qui m'a tenu chaud...

Les sirènes ont pris les devants,

Pouls faible... c'est nigaud...

Je les entendais... si loin,

Allez... tu vas t'en sortir petit...

Mais moi, j'étais trop bien,

Eux... ne l'avaient pas compris...

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Pixabay

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