Tu sais Papa

J’ai longtemps souffert de vos disputes

Tu verras, ça passera

Tant qu’on n’en vient pas aux insultes.

Tu sais Papa

J’ai souvent pensé à ce jour

Où la maladie vous aura pris dans ses bras

Sans aucun espoir de retour.

Tu sais Papa

Aujourd’hui elle est là

Et pourtant, tu ne baisses pas les bras

Mais tu sais, je crois qu’il y a pire encore que ça.

Il y a Maman

Et Alzheimer

Deux êtres différents

La vie et l’enfer…

Tu sais Papa

Il ne faut pas lui en vouloir

Demain elle oubliera

Sa colère dans un trou noir.

Tu sais…Tu sais…

Mais moi, je ne sais plus

Je ne sais pas comment tu fais

Pour vivre cet enfer absolu.

J’ai mal quand je vous vois

Car je sais que ce n’est plus elle

C’est la maladie qui dicte sa loi

Lorsque avec toi elle devient cruelle.

Tu sais Papa

J’ai peur de ne pas être à la hauteur

J’ai peur de demain, peur de tout ça

Tu sais Papa, moi… j’ai vraiment peur…

J’aurais voulu être une de ces personnes

Qui grave cette ombre du temps

La face cachée d’un bonhomme

Que le soleil, marque pour longtemps.

J’aurais voulu être ce robin des bois

Qui vole au secours des plus démunis

Prendre le sourire des narquois

Pour l’offrir en offrande aux abolis.

Ceux que la société rejette

Comme les rebus d’une espèce dérangeante

Que l’on mettrait bien à la disette

En les qualifiant de fainéante.

J’aurais voulu être cette sœur

Ou ce prêtre, dévoués corps et âme

Qui ont mis tout leur cœur

Dans les mains de Notre-Dame.

J’aurais voulu être de ces artistes

Qui chantent pour leur honneur

J’aurais voulu être sur cette liste

Et les mettre sous les projecteurs.

Mais je ne suis que Rosi

Pour ainsi dire, pas grand-chose

Alors avec ma plume, je leur souris

Pour leur offrir ma plus belle prose.

Je vous ai vu entrer dans ce bar

Nous étions là, assis sur nos chaises

La guitare en main et l’air blafard…

Je me suis sentie mal à l’aise.

Votre guitare avait de l’âge

Elle portait les pansements de l’usure

Il ne m’a pas fallu d’avantage

Pour être touchée, je vous l’assure.

Pour un enfant pris par la maladie

Vous lui avez offert quelques notes

Votre regard, tendrement lui a sourit

Votre bouche, un air que l’on sifflote.

Vous êtes venu vers nous

Nous avons parlé Espagnol

Vous n’aviez que quelque sous

Vous ne buviez aucun alcool.

Nous montrant avec pudeur

Ce que le cancer provoque comme ravage

Vous avez déchiré mon cœur

Vous l’avez marqué d’un sillage.

Vos joues creuses vous ont trahi

Vous n’aviez pas mangé de la veille

Sans vos dents, il vous fallait de la bouillie

Une pension, la mixait avec un appareil.

Nous vous avons tendu la main

Non pour avoir bonne conscience

Mais pour vous offrir un autre lendemain

Dans cette pension, où vous faisiez présence.

Votre regard s’est tourné vers le ciel

Comme pour le remercier de sa chaleur

Votre main s’est conjuguée au pluriel

Se posant plusieurs fois sur votre cœur.

Vous nous avez offert votre plus bel air de guitare

Sur laquelle vous avez posé votre douce voix

D’applaudissements, nous n’avons pas été avares

Nous vous devions, ce remerciement de joie…

Je vous ai souhaité bonne chance

Avant que vous repartiez

Vous nous avez remerciés avec insistance

A d’autres tables, vous vous osiez.

Je vous ai suivi

Les regards vous ont évité

J’ai maudit la vie

Pour tant de cruauté.

Je n’ai pas su votre nom

J’ai oublié de vous le demander

Alors pour m’accorder votre pardon

Je vous dépose en mots, pour ne pas vous oublier…

Imposants et somptueux

Aux cornes d’ivoires

Ces éléphants majestueux

Font partie d’une histoire.

Une histoire entre la terre et l’homme

Une lutte entre la vie et l’argent

Des bêtes que l’on dégomme

Sous des coups infligent.

On arrache leur âme

Jusque dans leurs défenses

Le Braconnier se fait infâme

L’argent sale, leur font offense.

La cruauté de l’homme n’a pas de limite

En objets précieux, les cornes se façonnent

Pour les riches que cela excite

Leurs défenses se braconnent.

L’Afrique, terre des géants

Accueille leurs chairs et leurs entrailles

Au cimetière des éléphants

Tombés sous les mitrailles.

Brise les chaînes

Tue les silences

Enraille la Haine

Emmure les violences.

Hurle les cris qui te détruisent

Hurle les échos de ton cœur

Crache les biles qui t’enlisent

Digère toutes tes aigreurs.

Ouvre la porte

Et laisse entrer le jour

Ne reste plus morte

Regarde autour.

Tu verras cette main tendue

Elle est toute proche, elle te sourie

Peut-être l’as-tu confondue ?

Ou tout simplement ensevelie ?

Laisses la t’emmener vers demain

Poses toi, murmure lui ta peine

Ne repousse pas au lendemain

Ce temps, qui peu à peu s’égrène.

Le temps ne guérit pas tout

Si tu lui tourne le dos

Ne reste pas à genou

Et les yeux mi-clos.

Alors brise les chaines du silence

Enraille cette haine et sa violence

Ouvre les portes fermées sur tes douleurs

Celles qui verrouillent, la clé de ton bonheur.