Qui aurait dit qu'un beau jour,
Moi, fille d'avant-guerre.
Je serais à ce jour,
Femme prisonnière..
Dans une chambre, recluse,
Emmurée dans mon silence.
La vieillesse s'excuse,
D'avoir donné, sentence...
Elle a pris ma jeunesse,
Laissé quelques souvenirs...
Mis mon cœur, en liesse,
Ceinturé mon avenir...
A ce fauteuil, enchaînée,
J'ai le temps de penser à tout...
Comme une fleur fanée,
J'ai du mal à tenir debout...
Je suis l'ombre de ma vie,
Ou une poupée de chiffon...
Je parle mal, je balbutie,
Tout n'est plus que confusion...
Dénudée par vos mains,
J'ai perdu ma dignité...
Mon corps n'est plus le mien,
Honte de ma sénilité...
Combien de cuillères,
Portées à ma bouche...
Je lève mes paupières,
Parfois, je m’effarouche...
Je suis l'ombre de ma vie,
Poupée, entre vos mains...
Je regarde mon corps meurtri,
Je pleure des larmes chagrin...
Combien de temps encore,
Reverrais-je vos visages ?
Que mon cœur, baisse le store,
Sur mon reste de courage...